Des transformations profondes
affectent la société sur le plan de la mobilité des personnes, appelées à se
déplacer dans un cadre personnel ou professionnel. Aussi, l’apprentissage des
langues étrangères est-il devenu une nécessité.
L’internationalisation du
marché du travail a créé des besoins langagiers énormes.
Ainsi, en tant que discipline, il
ne s’agit pas seulement d’acquérir un savoir mais d’acquérir également un savoir-faire
qui se caractérise par la capacité à communiquer avec autrui, c'est-à-dire à
comprendre et à se faire comprendre. Il s’agit en somme d’agir par et
dans la langue ; d’interagir. Si la finalité de
l’enseignement/apprentissage des langues est de doter l’apprenant d’une
capacité à agir dans et avec la langue étrangère, une réflexion
sur les contenus à enseigner s’impose, c’est le travail de la didactique.
La didactique :
définitions
Le terme didactique,
étymologiquement adjectif, a pour signification : « qui est propre à
instruire » (du verbe grec : didaskein, enseigner). Comenius est un éducateur tchèque
du XVIIe siècle qui le premier, a élaboré des manuels de langue, son but était
de structurer explicitement l’enseignement de la langue.
Pour le dictionnaire des
concepts clés de pédagogie (F. Raynal et A. Rieunier, 1997), cette
expression « renvoie à l’utilisation de techniques et de méthodes
d’enseignement propres à chaque discipline » (p.107). C’est pourquoi, il
faut distinguer « la didactique des langues » de « la didactique des
mathématiques » de « la didactique des sciences naturelles »…..Parce
qu’il est difficile d’apprendre une langue étrangère, il semble nécessaire et naturel
de se demander comment en améliorer l’enseignement, la didactique permet
d’optimiser les processus d’apprentissage, les techniques retenues sont, bien
entendu, différentes selon les matières et les disciplines puis qu’elles dépendent
directement des contenus à enseigner.
L’enseignement des langues va
privilégier des contenus et des techniques différents de l’enseignement des
sciences naturelles, par exemple. En somme, chaque matière à enseigner, chaque
discipline aura sa propre didactique c’est ce qu’on appelle la
didactique de la discipline parce que le terme n’est pas propre seulement
aux langues.
La didactique consiste en
l’ensemble des procédures retenues pour sélectionner, analyser, organiser les
savoirs et les savoir-faire qui feront l’objet d’actions visant à leur
appropriation par tel public, en fonction d’informations diverses relatives à
ce public.
La didactique est une discipline
de recherche qui analyse les contenus (savoirs, savoir-faire,…) en tant
qu’objets d’enseignement et d’apprentissage référés et référables à des
disciplines scolaires. Ce qui spécifie la didactique c’est la focalisation sur
les contenus et sur leurs relations à l’enseignement et aux apprentissages.
Elle ne se contente plus de
traiter la matière à enseigner selon des schémas préétablis, elle pose comme
condition nécessaire la réflexion épistémologique de l’enseignant sur
la nature des savoirs qu’il aura à enseigner, la prise en compte des
représentations de l’apprenant par rapport à ce savoir épistémologique de
l’élève.
L’épistémologie étant l’étude de
la connaissance, elle peut se conduire selon deux axes : selon Piaget ou selon
Bachelard : le premier axe rassemble les épistémologues qui tentent de répondre
à la question :
« Comment un
individu acquiert-il ses connaissances tout au long de son développement ? », les réponses à
cette question intéressent surtout les pédagogues. Le deuxième axe
rassemble les épistémologues qui cherchent à répondre à la question: «
comment se développent les connaissances dans tel domaine particulier du savoir
ou des différents domaines ? Le mot épistémologie est alors synonyme
de « philosophie des sciences ».
Le concept de didactique a
connu un engouement particulier dans les années soixante-dix, dès lors que le Dictionnaire
de Didactique des
Langues publié par
Robert Galisson et Daniel Coste en 1976, a contribué à répandre l’expression «
didactique des langues » en France et dans certains pays francophones.
Il faut ajouter qu’une nouvelle
terminologie est venue fleurir le monde de l’enseignement : « évaluation », «
objectifs comportementaux », « pédagogie différenciée », ce qui pousse les
didacticiens à distinguer didactique de pédagogie. Ces
deux concepts s’opposent d’une certaine manière.
Puisque enseigner consiste
à mobiliser des moyens propres à assurer la transmission et l’appropriation des
contenus d’enseignement, l’enseignement résulte de la combinaison interactive
de la didactique et de la pédagogie.
Didactique et pédagogie
Aujourd’hui, le mot didactique l’emporte
sur le mot pédagogie : « terme fatigué par un trop long usage »
[Jean-François Halté, 1992 : 9] parce qu’il comporte surtout l’idée
centrale relative aux savoirs. C’est la discipline de référence des
pratiques d’enseignement : « La didactique étudie les interactions qui
peuvent s’établir dans une situation d’enseignement/apprentissage entre un
savoir identifié, un maître dispensateur de ce savoir et un élève récepteur de
ce savoir» [Dictionnaire des concepts clés, 1997 : 108]. Mais elle n’est
pas pour autant une discipline appliquée.
L’histoire de la didactique manifeste
un dégagement progressif d’une conception naïve fondée exclusivement sur la
pratique, l’expérience et un sens prétendu « bon ». Elle voit se constituer des
concepts méthodologiques originaux, voit s’affirmer la nécessité d’une
théorisation propre.
La didactique est une discipline de
recherche caractérisée par « des questions spécifiques (en l’occurrence la
constitution, la description, les variations des contenus et de leur mise en œuvre
via l’enseignement, ainsi que leurs modalités d’appropriation…), des théories,
des concepts, des méthodes de recherche et des recherches empiriques
(recueillant et traitant des données). » [Y. Reuter, 2007 : 69].
La pédagogie représente « toute
activité déployée par une personne pour développer des apprentissages précis
chez autrui » (Dictionnaire des concepts clés, 1997 : 223). Elle
ne se centre pas sur les contenus, c’est ce qu’explique Y. Reuter
dans les propos suivants : « On désigne généralement par pédagogie un mode
d’approche des faits d’enseignement et d’apprentissage qui ne prend pas
spécifiquement en compte les contenus disciplinaires mais s’attache à
comprendre les dimensions générales ou transversales des situations qu’elle
analyse et qui sont liées aux relations entre enseignant et apprenants et entre
les apprenants eux-mêmes, aux formes de pouvoir et de communication dans la
classe ou les groupes d’apprenants, au choix des modes de travail et des dispositifs,
au choix des moyens, des méthodes et des techniques d’enseignement et
d’évaluation. » [2007 : 163].
Le didacticien est un spécialiste
de l’enseignement d’une (ou des) discipline(s), il s’interroge sur les notions
et les concepts qui devront se transformer en contenus à enseigner. L’une de
ses préoccupations majeures touche à l’appropriation des savoirs. Quant
au pédagogue, c’est un praticien qui résout des problèmes concrets d’enseignement/apprentissage.
Ces deux concepts, didactique et pédagogie ne s’opposent pas mais
sont complémentaires, comme le souligne J-F Halté : « (…) la didactique
constitue un prolongement naturel de la pédagogie. Elle en est une
région, solidement attachée et dépendante. En même temps, ce faisant, en
tant qu’elle explore des problèmes étroitement circonscrits (qu’est-ce
que savoir écrire ?) et qu’elle convoque à ce propos ses propres référents,
qu’elle développe ses propres méthodologies, elle s’éloigne de la
pédagogie et tend à se constituer en discipline autonome ».[1992 :
15]
La didactique s’occupe donc des contenus
(les savoirs) à enseigner, tandis que la pédagogie s’occupe des moyens
(les démarches) pour transmettre ces contenus. L’enseignement résulte de la
combinaison interactive de la didactique et de la pédagogie.
En didactique, l’accent est mis sur les
contenus à enseigner, donc sur l’acquisition ; la pédagogie est une activité
qui implique une relation entre l’enseignant et l’apprenant et qui met l’accent
sur les aspects psychoaffectifs, donc sur la qualité de l’acquisition.
La préoccupation pédagogique génère
des besoins didactiques : quels effectifs sont compatibles avec une
pratique d’enseignement différencié. Il ne suffit pas de mettre les apprenants
en situation de faire quelque chose sur le modèle classique : « on apprend en
faisant comme….. » pour qu’ils apprennent à le faire.
En résumé, la didactique se
définit par :
-a- une réflexion sur les objets
d’enseignement, puis qu’elle est l’interface entre l’école comme lieu de
diffusion de savoirs et l’ensemble des savoirs savants et sociaux,
-b- des recherches sur les
conditions d’appropriation des savoirs, puis qu’elle est l’interface entre les
savoirs et le sujet apprenant,
-c- des recherches sur
l’intervention didactique, à l’organisation des situations d’enseignement, à la
construction de séquences didactiques, à l’adaptation au type de public, à
l’approche de la classe et de son fonctionnement, puis qu’elle est l’interface
entre l’enseignant médiateur et le point d’arrivée (une discipline de référence des pratiques d’enseignement).
Le point commun étant l’attention portée
aux savoirs scolaires disciplinaires, la didactique étant une discipline
théorico-pratique dont l’objectif est de produire des argumentations solidement
étayées et cohérentes susceptibles d’orienter efficacement les pratiques
d’enseignement.
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